La croix; deux droites perpendiculaires

Sur le banc devant le confessionnal
Deux hommes regardent l'autel

Distant loin de ses croyances
la foi disloquée

Mort de son eau de vie
le foie disloqué

Reclus du monde biblique
dès son jeune âge inculqué

L'illusion ayant fanée, on ne se relève pas sans tomber
une épiphanie lui révéla son tombeau

Sorti de la chapelle, inassouvie, il avait les yeux rivés sur la pierre du parvis de son église,
les pieds dans la gadoue il refit son baptême

Sous le voile d'un encens qui brûle par l'odeur des réponses attisées
En larme, soulagé, il se fit baptiser

Descendant Christophe Colomb sur le trottoir précaire d'une glace noire
Ses pas pesaient sur son reflet le précédant

Les yeux ouverts sur ses viscères putréfiés
il imite les prières d'un vicaire purifié
soutenu par la soutane il s’en remet aux dogmes

Captivé par les dangers du gel s'étant appliqué au sol,
un objet s'imposa à sa vision
un petit pendentif, un médaillon d'or qui pétille même édenté

Le corps du Christ entamé il déposa le ciboire
Pris le calice puis avant d'unir l'hémoglobine du dieu unique à sa salive
finit par s'y voir comme d'un miroir écarlate en coupe

Il défit le loquet du coeur d'or qui se disséqua en deux images
pour découvrir la vierge côtoyant un portrait délabré
d'un visage vide de traits, ondoyant comme un mirage sur la chaussée

Entier, repu de repos, il allait au pont avec ses dernières bouteilles pleines
dans son sac lourd tintant à chaque pas
Il contemplait la ville, le mont, la croix

Déconstruit, morceau par morceau, il se transportait dans son fardeau jusqu'au pont
côte à côte avec un homme qui vidait des bouteilles
Il s'échappa comme le médaillon perdu et retrouvé dans l'eau du fleuve
troublée.

C'est dans ta tête

Je nie nier que je nie nier
Je dis vivre mais je vie peu
Tu lis peu ou pas à vrai dire ça m'est égal
Tulipe coupante en aiguilles à ses pétales
Tu ris trop ou mal et le pire c'est que tu m'épates
Vivement que tes pistils éclatent en pustules de parfums écarlates
Que l'on coud un tout avec tes épingles les plus flétries

Je nie nier que je nie
Je disais vivre peu mais je vivais
Tu dansais saoule ou sobre sans que je vois la différence
Tu chancelais dans la foule énorme sur la voie itérative
Librement l'ampoule qu'est ton corps se consumait incandescente
Je réalise l'ampleur des remords que représente vivre bien sans décence
L'âge crée la vive plaie laissée par la griffe du temps

Je nie nier
J'ai dit vivre mais peu ou trop
Sans consensus ni réflexion d'une simple flexion de l'être en entier
La pointe d'un iceberg me pousse la rétine de l'intérieur

Je nie